Vienne : sur le pont pour fêter leur victoire contre des éoliennes plus hautes que la tour Montparnasse à Lathus-Saint-Rémy

Rassemblement anti-éolien sur le pont de la Gartempe, à Lathus-Saint-Rémy, mardi 22 juillet 2025, pour célébrer une victoire contre quatre éoliennes dont deux de 240 m de haut.
© (Photo Atelier Octogone)
Par Xavier ROCHE-BAYARD
Publié le 22/07/2025 à 17:31
mis à jour le 22/07/2025 à 17:38
La municipalité de Lathus-Saint-Rémy a réuni 80 personnes sur le pont de la Gartempe près du Roc d'Enfer pour marquer sa victoire contre des éoliennes de 240 m de haut, les plus hautes de France.
À nouveau sur le même pont de la Gartempe, mais cette fois-ci pour célébrer une victoire. Le 21 juin 2021, plus de 40 élus s’étaient réunis sur le pont de Chez Ragon, à Lathus-Saint-Rémy, pour affirmer leur opposition au projet de parc éolien des Bruyères, à l’époque : quatre éoliennes réparties sur Lathus-Saint-Rémy (2) et Plaisance (2), et l’encerclement du territoire communal par 42 éoliennes. Un drone avait immortalisé l’instant avec une photo aérienne.
Pour Antoine Selosse, maire de Lathus-Saint-Rémy (à droite), « les vallées de la Gartempe et de la Vienne n’ont pas vocation à devenir des zones industrielles ».
© (Photo NR-CP, Xavier Roche-Bayard)
Bis repetita. Quatre ans plus tard, mardi 22 juillet 2025, ils sont deux fois plus nombreux, environ 80, à se rassembler à nouveau : riverains, maires du Sud-Vienne, sénateur, vice-président du conseil départemental, élus de la Haute-Vienne, de Charente… Et là aussi, un drone photographie l’instant. Mais cette fois-ci, pour une victoire.
Des éoliennes plus hautes que la tour Montparnasse
Antoine Selosse, maire de Lathus-Saint-Rémy, et son conseil municipal avaient à cœur de communiquer sur le combat mené contre ce parc éolien. En quatre années, à l’image des eaux tumultueuses du Roc d'Enfer à proximité, la lutte des élus n’a pas été un long fleuve tranquille. « La cour administrative d’appel de Bordeaux a rendu un arrêt important : l’annulation pure et simple du projet éolien des Bruyères, explique Antoine Selosse. C’est la fin d’un combat. »
La demande d’implanter quatre éoliennes de 200 m de haut par la société PE des Bruyères remonte à 2019. L’opposition citoyenne et politique est alors confortée par un projet d’arrêté de refus de la préfecture en 2022. Le promoteur trouve une alternative en modifiant le projet : « Deux éoliennes supprimées à Lathus-Saint-Rémy, mais les deux restantes à Plaisance rehaussées à 240 m, soit 80 m plus hautes que la tour Montparnasse. Mais de qui se moque-t-on ? Heureusement, la justice ne s’est pas laissée abuser », déclare Antoine Selosse.
« Ici, la nature est un patrimoine, pas un marché ! »
Il rappelle les 74 éoliennes déjà visibles dans un rayon de 20 km, mais aussi que les énergies renouvelables en Vienne, Gartempe et Civraisien représentent 51 % de la consommation d’énergie, pour une moyenne en France de 23 %. « Nous sommes 2,21 fois plus vertueux que la moyenne nationale. Nous avons déjà dépassé les objectifs européens pour 2030 fixés à 42,5 %. Nous avons cinq ans d’avance ! Notre territoire n’a donc aucune leçon à recevoir. Il est exemplaire. »
Pour Antoine Selosse, « les vallées de la Gartempe et de la Vienne n’ont pas vocation à devenir des zones industrielles. Ici, la nature est un patrimoine, pas un marché ! »
Les élus qui ont pris la parole derrière le pupitre installé sur le pont auront le même discours. « Notre territoire n’est pas à vendre, on se bat contre ceux qui veulent l’acheter », indique Gisèle Jean, vice-présidente de Vienne et Gartempe, rappelant « la stratégie (de la CCVG) menée à long terme » pour contrer l’essor des éoliennes. Elle reste vigilante car « l’éolien revient sous une autre forme, avec des extensions de parcs existants ».
Pour Guillaume de Russé (conseil départemental), « trop, c’est trop », clame-t-il, prônant un « équilibre entre toutes les formes d’énergies », dont le nucléaire de Civaux. « Nous sommes déterminés à ce que l’on n’abîme pas la vallée de la Gartempe », mais « une bataille n’est jamais complètement gagnée », dit-il.
Pour le sénateur Bruno Belin, soulignant « le patrimoine extraordinaire du Sud-Vienne », « les élus doivent décider et être respectés dans leur décision ».
Des propos que le maire du Dorat, Bruno Schira, aimerait entendre dans son Limousin. Venu en voisin, en soutien, il déplore qu’« au Dorat, on est impacté par des éoliennes qui ne sont pas sur notre territoire communal. Nous en avons les retombées néfastes ». Il fait là référence à cinq éoliennes visibles depuis la collégiale de sa commune.